Chlordécone et eau
Le contrôle sanitaire de l’eau destinée à la consommation
Le Code de la santé publique prévoit que le contrôle sanitaire est obligatoire pour toutes les eaux produites localement et distribuées à la population. Ce contrôle est mis en œuvre par l’Agence Régionale de Santé de Martinique qui établit le programme de prélèvements et d’analyses et interprète les résultats sur la base des valeurs normatives déterminées par le Code de la Santé Publique et découlant des directives européennes.
Ce programme de surveillance analytique concerne l’ensemble des communes et installations et porte par exemple sur les pesticides, la contamination bactérienne, les métaux lourds, les hydrocarbures.
Avec près de 1200 prélèvements chaque année en différents points du circuit de production et de distribution, l’eau potable distribuée en Martinique est l’une des plus contrôlée de France. Les contrôles sont réalisés tout au long du parcours de l’eau :
- sur l’eau brute de l’intégralité des captages exploités pour la production d’eau potable (34 en 2021),
- sur l’eau traitée par l’intégralité des stations de production (26 en 2021),
- sur l’eau distribuée sur l’ensemble du territoire (36 unités de distribution en 2021).
En Martinique, le contrôle sanitaire des eaux concerne également l’eau embouteillée produite localement (avant et après conditionnement) avec 2 eaux minérales (eau minérale gazeuse Didier – eau minérale plate Didier 113) et 3 eaux de source (Mabélo – Chanflor – Lafort).
L’eau du robinet
La qualité de l’eau
Selon les normes, l’eau ne doit pas présenter de traces de pesticides et donc de chlordécone supérieures à 0,1 microgramme / litre soit 1g pour 10 millions de litres d’eau. Ces normes s’appliquent dans tous les pays de l’Union Européenne et sont établies pour protéger la santé des consommateurs qui boivent l’eau tous les jours quel que soit leur âge et leur état de santé.
La surveillance de la qualité de l’eau comprend le contrôle des installations, la vérification des consignes de production et surtout l’analyse de la qualité de l’eau réalisée par des laboratoires indépendants.
Ces contrôles peuvent conduire à des recommandations visant à améliorer les dispositifs, à des mises en demeure des exploitants ou encore à des restrictions de l’usage de l’eau de distribution.
Pour rappel, depuis 1999, cinq points de captage d’eau concernés par la présence de chlordécone ont été fermés (Source Gradis en 1999, Forage Grande Savane en 2009, Rivière Monsieur en 2011, Source Marc Cécile en 2015 et Forage Morne Balai en 2018) et ne participent plus à la production d’eau potable.
Sur les 34 points de captage d’eau brute exploités en 2021 :
- 34 ne présentent aucune trace de chlordécone,
- 1 (Forage Demare à Basse Pointe) présente ponctuellement des traces de chlordécone très inférieures à la norme,
- 1 (rivière Capot à Basse Pointe) une contamination permanente à la chlordécone supérieure à la norme.
Sur ces deux points, l’Agence Régionale de Santé a renforcé les contrôles et validé les traitements mis en œuvre par les responsables de la distribution de l’eau :
- A « Rivière Capot », un traitement au charbon actif et un système d’ultrafiltration dans la station de traitement de Vivé;
- A « Forage Demare », l’eau du point de captage est mélangée avec de l’eau ne présentant aucune trace de chlordécone.
L’ensemble de ces actions permettent de distribuer une eau propre à la consommation, respectant les normes européennes.
En 2021, 268 prélèvements pour recherche de pesticides ont été réalisés dont 103 sur l’eau brute avant traitement, 61 sur l’eau traitée en sortie de station et 104 sur l’eau distribuée au robinet.
Sur l’ensemble des prélèvements réalisés sur l’eau mise en distribution, 161 (98%) n’ont pas mis en évidence la présence de chlordécone et 4 (2%) ont présenté des traces de chlordécone à des niveaux proches de la limite de quantification, de l’ordre de 0,025 µg/L, sans que la norme de 0,1µg/L n’ait été dépassée au robinet
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L’étude « recherche de molécules phytosanitaires au robinet »
La règlementation sanitaire, issue des directives européennes et des préconisations de l’Organisation Mondiale de la Santé, ne prévoit pas la recherche de molécules phytosanitaires au niveau du robinet du consommateur. En effet, celle-ci considère que la qualité de l’eau après traitement ne diffère pas de celle de l’eau distribuée au robinet.
Toutefois, en mai 2019, l’Agence Régionale de Santé Martinique a lancé une campagne de recherche de pesticides directement au robinet des particuliers, restaurateurs, mairies… afin de vérifier une éventuelle dégradation de la qualité de l’eau vis-à-vis des pesticides dans le réseau de distribution, c’est-à-dire entre la station de traitement et le robinet de l’usager. Ces campagnes de prélèvements portant sur près de 400 molécules phytosanitaires ont été reconduites en 2020 et 2021.
Les résultats des 214 prélèvements réalisés entre 2019 et 2021 montrent qu’aucun dépassement des normes règlementaires fixées (0.1 microgramme par litre) pour les pesticides n’est relevé. Ainsi, la qualité de l’eau mesurée au robinet est conforme à l’ensemble des normes pour 100% des échantillons analysés.
Ces résultats confirment que les points de surveillance situés en sortie de station sont adaptés pour suivre l’efficacité du traitement ainsi que la qualité de l’eau distribuée aux usagers, aucune dégradation de la qualité de l’eau dans les canalisations n’ayant été observée entre la station de traitement de l’eau au robinet du consommateur.
L’eau en bouteille
En Martinique, 2 sociétés exploitent 4 ressources d’eau minérale ou d’eau de source. Ces ressources en eau sont toutes les 4 situées dans des environnements naturels préservés de la chlordécone et des autres pesticides, en amont des zones cultivées.
L’eau embouteillée est soumise à la surveillance de l’exploitant mais également de l’Agence Régionale de Santé qui met en œuvre le contrôle sanitaire. La recherche de pesticides se fait au moins une fois par an au niveau de la ressource ou dans les bouteilles.
Depuis 1999, des contrôles de phytosanitaires dans les eaux en bouteille ont été mis en place et aucune trace de chlordécone ou d’autres pesticides n’a été décelée à ce jour.
Les sources des bords de route
Les sources de bord de route ne participent pas à la production ou à la distribution d’eau potable. Avec la contribution des Mairies, 126 sources de bord de route ont été recensées et contrôlées entre 2004 et 2008 même si le code de la santé publique ne prévoit pas qu’elles soient soumises au contrôle sanitaire mis en œuvre par l’Agence Régionale de Santé de Martinique.
Parmi les 126 sources recensées, 77 situées dans un environnement considéré comme vulnérable ont bénéficié d’un contrôle spécifique complémentaire :
- 28 sources ne présentaient aucune trace de pesticide dont la chlordécone.
- 17 sources présentaient des traces de chlordécone inférieures à la norme de potabilité.
- 32 sources présentaient des traces de chlordécone supérieures à la norme de potabilité.
En raison de la présence de pesticides mais aussi des autres contaminations bactériologiques constatées, 90% des eaux de sources des bords de route sont considérées impropres à la consommation. Il est donc fortement déconseillé de les consommer.
Toutefois, compte-tenu de l’utilisation de certaines sources des bords de route par la population, l’Agence Régionale de Santé de la Martinique a relancé en 2021 les travaux préalables à la mise en œuvre d’une nouvelle étude sur les sources de bord de route. Les résultats de cette étude devraient être disponibles en début d’année 2023.
Par ailleurs, les sources présentes sur des terrains privés sont intégrées au programme JArdins FAmiliaux (JAFA) et la recherche de chlordécone est désormais prise en charge notamment pour les particuliers les utilisant pour leur consommation et l’irrigation.
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